Le problème était simple, la France et l'Europe avaient décidé d'ouvrir le marché de l'électricité à la concurrence. Or, si dans d'autres pays, il y a plusieurs producteurs (d'ailleurs souvent des consortiums contrôlés par les régions), en France, il y a un très gros producteur national : EDF. Donc, le problème était que les "petits" distributeurs n'arrivaient pas à dégager de la marge bénéficiaire (enfin pas assez) pour jouer les prix à la baisse. En fait, la situation est encore plus compliquée car il y a aussi un seul gestionnaire de réseau. Bref, EDF produit l'électricité, EDF transporte l'électricité et EDF la distribue. Les distributeurs indépendants se contentant d'acheter des capacités et de les revendre. Les distributeurs pouvaient aussi acheter de l'électricité à l'étranger, sur le marché libre, et EDF vendait aussi son électricité sur ce marché libre. Mais, à l'époque, le prix de l'électricité sur le marché de gros dépendait de l'offre et de la demande, et on manquait de capacités => prix élevé. Et, en France, EDF produisait sous le prix du marché. Le coût du MWh nucléaire est estimé entre 45 et 50 €. SI le prix du marché est de 70€, EDF gagne sur chacun des MWh qu'il vend. Et on ne savait pas résoudre ce "problème" qui au dire de la Commission Européenne empêchait la libre concurrence sur le marché de l'électricité.Do_Lefebvre a écrit : ↑24 avr. 2020 17:17Le texte renvoie à plusieurs notions qui ne sont pas évidentes : ARENH (avec un lien qui renvoie à la loi NOME...).
J'ai tenté de suivre le(s) fil (s) mais j'ai du mal à cerner :
1) l'objectif initial du dispositif
Il faut bien avoir en tête que dans la plupart des pays, le nombre de producteurs a décru sous l'effet de la concentration. L'Allemagne a 3 producteurs-distributeurs, dont un va mal et a failli être repris. Sans compter que comme on impose à EDF d'avoir l'argent nécessaire au démantèlement, celle-ci a du cash disponible, ce qui lui a permis de s'implanter en Angleterre, en Italie et dans pas mal d'autres pays. D'un côté, on est content quand EDF sauve un système électrique en faillite, mais de l'autre, on lui reproche sa position dominante ...
Là, idée géniale du gouvernement Sarkozy, décréter qu'une partie de la production nucléaire d'EDF sera vendue à ses concurrents à prix "coûtant"... Sauf que personne n'était d'accord sur ce qu'était ce prix. Fallait-il tenir compte des avances de trésorerie pour le démantèlement ? Fallait-il tenir compte de la participation au soutien aux ENR ? Fallait-il tenir compte des coûts de la garantie aux ménages à faibles revenus ? ...
EDF estimait que le coût devait être au minimum de 46€, ces concurrents disaient qu'au-dessus de 40€, on ne leur permettait pas de développer la concurrence. Le gouvernement a choisi 42€. Bercy qui avait tous les chiffres sous les yeux était aligné sur la position d'EDF. Au début, tous les concurrents se sont précipités sur ces MWh a prix coûtants. Certains vendant directement cette électricité sur le marché de gros dont les prix étaient proche des 60-70€/MWh. Puis, les ENR se développant dans pas mal de pays, le prix de l'électricité sur le marché libre ont commencé à diminuer. Il faut noter qu'ils diminuent sur le marché libre, mais cette baisse est compensée chez les consommateurs par l'augmentation des mécanismes permettant d'acheter aux ENR leur électricité à un prix qui leur permette de vivre. Bref, l'électricité n'est "pas chère" que pour ceux qui ont accès à ce fameux marché libre.
Donc, petit à petit le prix moyen sur le marché libre a diminué. DU coup, pendant 5 ans, si j'ai bonne mémoire, personne n'a acheté des MWh avec le mécanisme de l'Arenh... Et à l'année dernière, les prix sur les marchés libres ont de nouveau commencés à augmenter. Du coup, non seulement les distributeurs indépendants se sont précipités sur les MWh de l'Arenh, mais ils ont même demandé qu'au lieu de 100 GWh, ils puissent avoir 150 GWh. Dans le même temps, EDF a signalé au gouvernement que ces coûts avaient augmenté depuis du fait du durcissement des normes suite à Fukushima, et qu'il faudrait ajuster le prix. Courageusement le gouvernement à tranché ... il n'augmenterait pas la capacité de l'Arenh, mais il laisserait le même prix. Donc, EDF "vend" à ses concurrents de l'électricité à perte. Ce qui a fait encore plus plonger la valeur de son action... et qui a permis au gouvernement de racheter à bon compte des actions. Une espèce de renationalisation rampante.