L’industrie Automobile Française en Perdition

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msay555
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L’industrie Automobile Française en Perdition

Message par msay555 » 08 févr. 2023 15:43

La production d’automobiles sur le sol français est en chute libre. L’année 2022 a été marquée par un record historique de déficit du commerce extérieur automobile du pays à 19,9 milliards d’euros

Depuis 2010, la dégringolade de la production automobile en France ne cesse de s’accélérer. Et nous n’avons pas encore tout vu avec la transition forcée en cours vers les véhicules électriques qui ouvre la voie à une déferlante à venir de voitures chinoises.

Balance Commerciale de la France pour 2021

Le département des statistiques et des études du commerce extérieur soulignait un recul de 20 milliards d’euros par rapport à 2020 pour atteindre un déficit de 84,7 milliards. « Son plus bas historique », commentait-il alors. Et en ce qui concerne l’automobile, les importations de 62 milliards d’euros surpassaient nettement les exportations de 44 milliards, soit 18 milliards d’euros de déficit pour ce seul secteur (contre 12 milliards en 2018). La branche automobile représentait à elle seule 21 % du déficit total.

La France essuie le pire déficit commercial de son histoire en 2022

Le déficit commercial de la France a atteint un niveau record de 164 milliards d'euros l'an passé. En cause : l'envol des prix de l'énergie, la dépréciation de l'euro mais aussi la faiblesse de l'industrie française. La balance des services enregistre en revanche un excédent sans précédent de 50 milliards.

Ce chiffre a beau ne pas être une surprise, il est nettement supérieur aux 156 milliards d'euros de pertes anticipés par l'exécutif et près du double des 85 milliards enregistrés en 2021. Pour mémoire, le trou était inférieur à 60 milliards en 2019 avant l'épidémie de Covid-19.

France Stratégie* constate que, de deuxième producteur automobile européen jusqu’en 2011, la France est reléguée aujourd’hui au cinquième rang sur le continent (et au moins dixième au niveau mondial avec 2,3 % de la production de voitures en 2018 contre… 30 % pour la Chine). Rapportée à son poids dans l’industrie automobile européenne, elle ne pèse plus que la moitié de ce qu’elle représentait au début du siècle, tandis que le secteur automobile en Allemagne a accru son importance et pèse maintenant près de sept fois plus lourd que la France en Europe, insiste l’Insee.

Certes, le marché français s’ébroue, avec une hausse de 63 % des ventes d’électriques et hybrides rechargeables en 2021 (plus de 300 000 unités commercialisées représentant 18 % des ventes, selon le CCFA, dont 162 000 électriques). Mais une grande partie de ces véhicules n’est pas produite dans l’Hexagone. L’électrique, pour l’instant, n’alimente pas l’activité.

Pour enrayer le déclin dans l’Hexagone, les constructeurs ont dévoilé des projets de construction d’usines de batteries destinées à pousser les feux de la motorisation électrique. Une stratégie commune à tous les pays européens, sous l’impulsion de la Commission européenne afin de ne plus dépendre quasi exclusivement des batteries produites en Chine, en Corée ou au Japon (85 % de la production mondiale contre 3 % pour l’Europe).

Une fois passés les effets d’annonces, comme à propos de l’Airbus des batteries, la réalité est bien plus modeste pour la France. Les trois usines en projet sur le territoire (Douai, Douvrin, Dunkerque) ne devraient offrir qu’une capacité de production limitée à une centaine de GWh, sensiblement au même niveau que l’Espagne tandis que la Suède et l’Italie en auront chacune le double et l’Allemagne quatre fois plus ! La Norvège, le Royaume-Uni, la Pologne ou la Hongrie feront aussi pousser des usines de batteries.

Les choix technologiques et stratégiques sont déterminants

On oublie souvent, au sommet de l’État que les choix technologiques et stratégiques sont déterminants.

Dans un pays où le coût du travail est élevé, privilégier les modèles économiques et les gammes moyennes est une aberration. Conséquence, l’automobile française a délocalisé ses productions quand l’Allemagne conservait sur son sol ses lignes de montage. L’Allemagne a développé dans le même temps en priorité des modèles à plus forte valeur ajoutée capables de supporter des coûts de fabrication tout aussi élevés.

Qu’il s’agisse de l’hybride et de l’électrique, les constructeurs français focalisés sur le diesel ont singulièrement manqué de capacités d’anticipation et d’ambition comparés à leurs concurrents japonais, coréens et maintenant chinois, allemands et américains.

Reste alors la possibilité de se positionner sur le moteur à hydrogène pour acquérir une avance technologique susceptible de relancer la production de nouveaux véhicules en France. D’autres États y travaillent et ont pris de l’avance (le Japon avec Toyota et la Corée du Sud avec Hyundai). La France dispose d’une réelle expertise dans ce domaine, mais encore faudrait-il que le pays dispose d’une filière de production et de distribution à la hauteur des besoins (ce qui n’est même pas encore le cas pour l’électrique) pour qu’un marché émerge.

*France Stratégie, institution autonome placée auprès de la Première ministre,

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Dundee
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Re: L’industrie Automobile Française en Perdition

Message par Dundee » 08 févr. 2023 16:48

Sujet sensiblement identique à ton post sur "la guerre des prix sur les VE avec Tesla". Ma réponse est la même. Ce n'est pas en fermant notre marché aux importations que nous nous en sortirons. Il faut retrousser ses manches, innover vraiment et produire des véhicules répondant aux attentes de la clientèle. Les chinois sont friands de grosses et belles berlines. On arrive à en fourguer quelques unes à une élite assez peu nombreuse qui peut se payer les berlines allemandes par ailleurs. Sur la marché intérieur, même un français moyen a le plus grand mal à se payer une modeste compacte électrique neuve en dépit du soutien gouvernemental. Il n'y a qu'à voir les comparatifs Megane eTech / MG4. A équipement égal il y a quasiment 10k€ d'écart !!! cherchez l'erreur.
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Re: L’industrie Automobile Française en Perdition

Message par msay555 » 09 févr. 2023 10:09

Bonjour @Dundee et toutes et tous :) ,

Justement !!! Les réflexions portent sur ces deux sujets :
  • Sommes nous apprêtés à cette guerre des prix ?
  • Avons nous les ressources pour parer à ces évènements ?
  • Anticipons nous suffisamment la technique et les technologies ?
Personnellement, je ne crois pas... pas avant 2030-2035 ! En ce moment ce qui préoccupe toute la France, c'est la retraite à 64 ans ! Dommage le train a quitté le quai ! :ghee:

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Re: L’industrie Automobile Française en Perdition

Message par Dundee » 09 févr. 2023 10:55

Tout à fait msay555 et j'ai bien peur de devoir répondre non aux trois questions.
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